Niché au cœur des majestueuses Alpes bavaroises, le Berghof est un nom qui résonne profondément dans les pages de l’histoire du 20ème siècle. Cette résidence secondaire, autrefois modeste chalet devenu symbole de pouvoir, offre un témoignage fascinant de l’une des périodes les plus sombres de l’histoire européenne. Découvrons ensemble l’histoire et les secrets de ce lieu emblématique qui continue de susciter l’intérêt des historiens et des visiteurs du monde entier.
Histoire du Berghof : De la Maison Wachenfeld à la Résidence du Führer
Le Berghof n’a pas toujours été connu sous ce nom ni associé à son célèbre occupant. L’histoire de cette propriété est marquée par une transformation spectaculaire qui reflète l’ascension de son propriétaire au sommet du pouvoir allemand.
À l’origine, ce n’était qu’un modeste chalet de bois et de pierre construit en 1916 par Otto Winter, un industriel du cuir de Buxtehude. Il l’avait baptisé Haus Wachenfeld, du nom de jeune fille de son épouse. Après la mort d’Otto Winter, sa veuve Margarete Wachenfeld hérita de cette résidence secondaire nichée dans les montagnes d’Obersalzberg.
La présence d’Adolf Hitler dans cette région remonte à 1922, où il séjourna d’abord à l’hôtel Platterhof. Après sa sortie de prison en décembre 1924, suite au putsch manqué de Munich, il acheta un petit chalet pour se « mettre au vert ». C’est dans ce cadre paisible qu’il termina le deuxième tome de Mein Kampf avec l’aide de son aide de camp Rudolf Hess.
En 1928, Hitler loua la maison Wachenfeld avec sa demi-sœur Angela Raubal, et y reçut régulièrement les responsables du Parti national-socialiste. Il finit par en devenir propriétaire en juin 1933, peu après sa nomination comme chancelier du Reich, utilisant pour cela les droits d’auteur générés par la vente de son livre.
À partir de 1934, un nombre croissant de curieux vinrent à Obersalzberg pour voir la résidence du nouveau chancelier, perturbant la tranquillité du lieu. Les autorités chargées de la sécurité de Hitler prirent alors des mesures drastiques en interdisant l’accès de la zone aux personnes non autorisées, créant ce qu’on appela le Führersperrgebiet Obersalzberg.
C’est à cette époque que Hitler commença à envisager une transformation complète de sa résidence, afin qu’elle corresponde davantage à son nouveau statut et aux nombreuses visites officielles qu’il y recevait. Les travaux de transformation et d’agrandissement furent confiés à l’architecte Alois Degano, puis repris en 1935 par l’architecte Roderich Fick. Ils se poursuivirent par étapes jusqu’en 1936.
La Transformation Architecturale
La métamorphose du modeste chalet Wachenfeld en imposante résidence du Berghof fut spectaculaire. Le nouveau bâtiment incorporait une partie de l’ancienne maison, agrandie de nouvelles ailes pour les invités, d’un garage et d’une vaste terrasse. Contrairement aux autres quartiers généraux du Führer ou à la nouvelle chancellerie du Reich, les plans du Berghof n’ont pas été conçus par Albert Speer mais selon les propres désirs de Hitler.
La superficie totale de la résidence atteignait près de 2 000 m² après les travaux d’agrandissement. L’intérieur était décoré dans un style à la fois alpin et moderne, avec des meubles teutoniques coûteux, une large cheminée en marbre rouge, et de nombreuses œuvres d’art. La caractéristique la plus remarquable du Berghof était sans doute son immense fenêtre panoramique qui pouvait s’abaisser dans le mur pour offrir une vue imprenable sur les montagnes autrichiennes.
Parallèlement à la transformation du Berghof, d’autres dignitaires nazis vinrent également s’installer à Obersalzberg, transformant progressivement ce lieu paisible en véritable centre du pouvoir nazi. Ce fut notamment le cas du Reichsmarschall Hermann Göring, de Martin Bormann, chef de la chancellerie du Parti, et plus tard d’Albert Speer, l’architecte officiel de Hitler devenu ministre de l’Armement.
Le Berghof pendant la Seconde Guerre mondiale
- Le Berghof fut, après la Wolfsschanze (son quartier général en Prusse-Orientale), l’endroit où Hitler séjourna le plus pendant la guerre
- De nombreuses décisions stratégiques y furent prises, notamment lors de la « Berghof Conference » de juillet 1940 où le « problème russe » fut étudié
- Le 25 avril 1945, des bombardiers Lancaster britanniques attaquèrent Obersalzberg, endommageant partiellement le Berghof
- Le 4 mai 1945, quatre jours après le suicide de Hitler à Berlin, les SS mirent le feu à la villa face à l’avancée des troupes alliées
- Quelques heures plus tard, des soldats français, le capitaine Laurent Touyeras et son chauffeur François Borg, furent les premiers Alliés à atteindre le chalet encore en flammes
Qu’est-ce que le Berghof exactement?
Le Berghof était bien plus qu’une simple résidence secondaire ; il s’agissait d’un véritable centre de pouvoir et un symbole fort du régime nazi. Situé dans un cadre naturel d’exception, ce lieu combinait les fonctions de résidence privée, de lieu de réception diplomatique et de quartier général informel. Pendant près de 12 ans, de 1933 à 1945, le Berghof a joué un rôle central dans l’histoire du Troisième Reich et des décisions qui ont façonné le destin de l’Europe.
Une Résidence Officielle et Privée
Le Berghof servait d’abord de résidence personnelle à Adolf Hitler, qui y passait environ la moitié de l’année avant le début de la guerre. Il y trouvait un refuge loin de Berlin, dans un environnement qui lui était cher et où il pouvait se détendre. La propriété était entretenue comme un petit hôtel de luxe par plusieurs femmes de ménage, jardiniers, cuisiniers et autres domestiques.
L’aménagement intérieur reflétait les goûts personnels de Hitler. Le grand salon était meublé de façon luxueuse avec des meubles teutoniques coûteux, un grand globe terrestre, et une imposante cheminée en marbre rouge. Derrière l’un des murs se trouvait une cabine de projection pour les séances de cinéma du soir, où Hitler aimait regarder des films, y compris des productions hollywoodiennes. Une bibliothèque contenait des livres « d’histoire, de peinture, d’architecture et de musique ».
Hitler y vivait avec Eva Braun, sa compagne de longue date, bien que leur relation soit restée largement cachée au public allemand. Selon son valet personnel Heinz Linge, ils disposaient de deux chambres et deux salles de bains avec des portes communicantes. Le cercle social de Hitler au Berghof, que ses intimes appelaient simplement « sur le Berg », incluait Eva Braun et sa sœur Gretl, Herta Schneider et ses enfants, l’amie d’Eva, Marion Schönmann, Heinrich Hoffmann, ainsi que les épouses et enfants d’autres dirigeants nazis.
Un Centre Diplomatique et Politique
Au-delà de son caractère privé, le Berghof était aussi un lieu officiel où Hitler recevait de nombreuses personnalités lors de visites d’État. Parmi les visiteurs de marque, on peut citer deux Premiers ministres britanniques, Lloyd George et Neville Chamberlain, l’ambassadeur de France André François-Poncet, l’amiral Darlan, ainsi qu’un grand nombre de ministres et d’ambassadeurs européens. La visite du duc et de la duchesse de Windsor en 1937 fut particulièrement remarquée.
Ces réceptions officielles au Berghof étaient minutieusement orchestrées pour impressionner les visiteurs. La vue spectaculaire sur les Alpes depuis la grande baie vitrée était utilisée comme toile de fond symbolique, représentant la grandeur et la puissance de l’Allemagne nazie. Des photographies de ces rencontres étaient largement diffusées par la propagande allemande.
Le Berghof était également le lieu de réunions politiques importantes. C’est là que fut préparée, en juillet 1940, la « Berghof Conference » au cours de laquelle le « problème russe » fut étudié par les chefs militaires allemands, ouvrant la voie à l’opération Barbarossa l’année suivante. Le 11 mai 1941, Karlheinz Pintsch y apporta à Hitler la lettre de Rudolf Hess l’informant de son vol illégal vers l’Écosse.
Où se trouvait exactement le Berghof?
Le Berghof était stratégiquement situé dans un cadre spectaculaire qui offrait à la fois beauté naturelle, isolement et proximité avec la frontière autrichienne. Cette localisation n’était pas le fruit du hasard mais répondait aux besoins personnels et politiques de son propriétaire, tout en offrant des avantages pratiques en termes de sécurité et d’accessibilité.
Localisation Géographique Précise
Le Berghof se trouvait précisément à Obersalzberg, un plateau montagneux situé à environ 3 kilomètres du centre de la ville de Berchtesgaden, dans le sud-est de la Bavière, en Allemagne. Perché à une altitude d’environ 921 mètres au-dessus du niveau de la mer, il offrait une vue imprenable sur les Alpes bavaroises et autrichiennes.
Les coordonnées géographiques exactes du Berghof étaient 47°38′01″ Nord, 13°02′31″ Est. Cette position, proche de la frontière autrichienne, avait une signification particulière pour Hitler, né en Autriche. La vue depuis la terrasse du Berghof englobait notamment le massif du Untersberg, une montagne qui, selon la légende, abriterait l’empereur Charlemagne endormi, attendant de se réveiller pour restaurer la grandeur de l’Allemagne.
La région d’Obersalzberg était traditionnellement une zone de villégiature alpine appréciée pour son air pur et ses paysages majestueux. Avant l’arrivée de Hitler et des dignitaires nazis, c’était un lieu tranquille fréquenté principalement par des touristes en quête de nature et de randonnées. Le village de Berchtesgaden, situé en contrebas, était connu pour ses mines de sel exploitées depuis le Moyen Âge, d’où le nom de la région (« Salzberg » signifiant « montagne de sel »).
Le Complexe d’Obersalzberg
Avec le temps, le Berghof n’était plus un bâtiment isolé mais le centre d’un vaste complexe qui transformait Obersalzberg en une sorte de quartier général alternatif du régime nazi. Ce développement a progressivement modifié le paysage et le caractère de toute la région.
À proximité immédiate du Berghof se trouvaient les résidences d’autres hauts dignitaires nazis. Hermann Göring avait fait construire une grande propriété baptisée Göringberg. Martin Bormann, qui supervisait l’ensemble du développement d’Obersalzberg, possédait également une résidence à proximité. Albert Speer, l’architecte du régime, s’était également installé dans les environs.
En plus des résidences privées, le complexe comprenait de nombreuses infrastructures de soutien : des casernes pour la Leibstandarte SS Adolf Hitler chargée de la sécurité, des bâtiments administratifs, et même des bunkers souterrains construits à partir de 1943 pour protéger les occupants en cas d’attaque aérienne. L’ancien hôtel « Türken » fut transformé en quartiers pour le Reichssicherheitsdienst (Service de Sécurité du Reich), chargé de patrouiller dans l’ensemble du domaine.
À environ 2,5 kilomètres à vol d’oiseau du Berghof, perché sur un piton rocheux à 1 834 mètres d’altitude, se trouvait le Kehlsteinhaus (la « Maison sur le Kehlstein »), souvent appelé à tort le « Nid d’Aigle » par les Alliés. Cette construction spectaculaire, offerte à Hitler pour son 50ème anniversaire en 1939, était accessible par une route technique impressionnante et un ascenseur creusé dans la montagne. Contrairement à une idée répandue, Hitler ne s’y rendit qu’une vingtaine de fois, préférant le confort du Berghof et redoutant l’altitude et l’ascenseur.
Quand le Berghof a-t-il joué un rôle crucial dans l’histoire?
Le Berghof a été le théâtre de nombreux événements significatifs qui ont marqué l’histoire du Troisième Reich et, par extension, celle du monde entier. Sa période d’activité, de 1933 à 1945, coïncide presque exactement avec la durée du régime nazi, faisant de cette résidence un témoin privilégié de l’ascension et de la chute d’Adolf Hitler et de son idéologie destructrice.
Les Années Pré-guerre (1933-1939)
Durant les années 1930, le Berghof servit de toile de fond à d’importantes rencontres diplomatiques qui façonnèrent le cours de l’histoire européenne. C’est dans ce cadre alpin que Hitler reçut de nombreux dirigeants étrangers, souvent dans le but de les impressionner ou de les manipuler.
L’une des visites les plus connues fut celle de l’ancien Premier ministre britannique David Lloyd George le 3 mars 1936. Ce dernier repartit avec une impression favorable de Hitler, contribuant à renforcer l’image du dictateur auprès de certains cercles britanniques. Le duc et la duchesse de Windsor (l’ancien roi Édouard VIII et Wallis Simpson) visitèrent également le Berghof le 22 octobre 1937, visite largement exploitée par la propagande nazie.
Mais c’est probablement la visite du Premier ministre britannique Neville Chamberlain, le 15 septembre 1938, qui reste la plus emblématique. Cette rencontre faisait partie des négociations qui aboutirent quelques jours plus tard aux accords de Munich, permettant à l’Allemagne d’annexer les Sudètes tchécoslovaques. Ces accords, symboles de la politique d’apaisement, sont souvent considérés comme ayant encouragé les ambitions expansionnistes de Hitler.
Le 12 février 1938, le chancelier autrichien Kurt von Schuschnigg fut convoqué au Berghof, où il subit d’intenses pressions de la part de Hitler pour intégrer des nazis dans son gouvernement. Cette rencontre préfigurait l’Anschluss (annexion de l’Autriche par l’Allemagne nazie) qui eut lieu le mois suivant.
Pendant la Guerre (1939-1945)
Après le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale en septembre 1939, le rôle du Berghof évolua. Hitler y passa moins de temps, mais la résidence continua de servir de lieu de rencontre pour des discussions stratégiques et des réunions avec des alliés de l’Axe.
À la fin juillet 1940, Hitler convoqua ses chefs militaires au Berghof pour ce qui fut appelé la « Berghof Conference », au cours de laquelle fut étudié le « problème russe ». Cette réunion marqua une étape importante dans la planification de l’invasion de l’Union soviétique, qui serait lancée un an plus tard sous le nom d’opération Barbarossa.
Le 19 janvier 1941, Hitler y reçut Benito Mussolini, son allié italien, pour discuter de la situation en Méditerranée et en Afrique du Nord. Le 11 mai 1941, Karlheinz Pintsch apporta à Hitler, alors au Berghof, la lettre de Rudolf Hess l’informant de son vol non autorisé vers l’Écosse, nouvelle qui plongea le Führer dans une rage noire.
À mesure que la guerre tournait au désavantage de l’Allemagne, Hitler passa de moins en moins de temps à sa résidence bavaroise, préférant rester plus proche des opérations militaires dans ses différents quartiers généraux à l’est. La vie sociale au Berghof prit définitivement fin le 14 juillet 1944, lorsque Hitler quitta les lieux pour son quartier général en Prusse-Orientale, pour ne jamais y revenir.
Comment le Berghof était-il protégé et géré?
La sécurité et la gestion du Berghof reflétaient son statut de résidence principale du chef de l’État allemand. Un dispositif élaboré fut mis en place pour protéger Hitler et permettre le fonctionnement quotidien de cette propriété qui était à la fois un domicile privé et un lieu de réception officiel. Ces mesures évoluèrent avec le temps, devenant de plus en plus strictes à mesure que la guerre progressait.
Un Système de Sécurité Sophistiqué
La sécurité du Berghof reposait sur plusieurs niveaux de protection, combinant périmètres de sécurité, personnel spécialisé et infrastructures défensives. Cette protection était d’autant plus nécessaire que Hitler était conscient des risques d’assassinat, particulièrement après le début de la guerre.
Le premier niveau de sécurité consistait en une large zone interdite, le Führersperrgebiet Obersalzberg, établie dès 1934. Cette zone réglementée s’étendait sur plusieurs kilomètres carrés autour du Berghof et n’était accessible qu’aux personnes dûment autorisées. Les résidents locaux furent progressivement expropriés, souvent sous la contrainte, pour étendre cette zone sécurisée.
À l’intérieur de ce périmètre, la sécurité était assurée par un important contingent de la Leibstandarte SS Adolf Hitler, l’unité d’élite de la SS chargée de la protection personnelle de Hitler. Sous le commandement de l’Obersturmbannführer Bernhard Frank, ces hommes patrouillaient dans l’ensemble du domaine et contrôlaient les accès.
La protection rapprochée de Hitler était confiée au Führerbegleitkommando (FBK, Commando d’Escorte du Führer), tandis que le Reichssicherheitsdienst (RSD, Service de Sécurité du Reich) était responsable de la surveillance du site. Ces hommes étaient logés dans l’ancien hôtel « Türken », transformé en caserne.
Avec le début de la guerre, les mesures de sécurité furent encore renforcées. Des systèmes de défense anti-aérienne furent installés, incluant des batteries de Flak (canons antiaériens) et des machines à générer du brouillard artificiel pour dissimuler le complexe aux avions ennemis. À partir de 1943, un vaste réseau de bunkers souterrains fut construit pour offrir une protection en cas de bombardement.
La Gestion Quotidienne et le Personnel
Derrière les mesures de sécurité se cachait toute une organisation destinée à assurer le confort de Hitler et de ses invités. Le Berghof fonctionnait en effet comme une petite entreprise, employant un personnel nombreux aux fonctions diverses.
La supervision globale du domaine d’Obersalzberg était confiée à Martin Bormann, chef de la chancellerie du Parti nazi et homme de confiance de Hitler. C’est lui qui dirigeait les travaux d’extension du Berghof et du complexe environnant, souvent avec un zèle qui lui valut le surnom de « seigneur d’Obersalzberg ».
Le personnel domestique du Berghof comprenait des femmes de ménage, des cuisiniers, des jardiniers et d’autres employés de maison. Parmi eux, Herbert Döhring servait comme intendant principal, tandis que sa femme occupait le poste de gouvernante. Les cuisines étaient particulièrement importantes étant donné le régime végétarien de Hitler, qui exigeait une préparation spéciale des repas.
Le valet personnel de Hitler, Heinz Linge, était également présent au Berghof. Son rôle allait bien au-delà de celui d’un simple domestique ; il était responsable de la garde-robe de Hitler, l’aidait à s’habiller, et supervisait ses affaires personnelles. Il était l’une des rares personnes à avoir accès aux appartements privés du Führer à toute heure.
Des témoignages d’après-guerre, comme celui d’Elizabeth Kalhammer, qui fut femme de chambre au Berghof de 1943 à 1945, décrivent une atmosphère stricte mais pas nécessairement oppressante pour le personnel. Les employés devaient observer des règles précises concernant leur comportement et leur discrétion, mais bénéficiaient généralement de bonnes conditions de travail.
Pourquoi le Berghof fascine-t-il encore aujourd’hui?
Plus de 75 ans après sa destruction, le Berghof continue de susciter un intérêt considérable auprès des historiens, des touristes et du grand public. Cette fascination persistante s’explique par plusieurs facteurs, allant de la valeur historique du lieu à la manière dont il a été représenté dans la culture populaire, en passant par les mythes et confusions qui l’entourent encore.
Un Témoin Unique de l’Histoire
Le Berghof représente un lieu d’observation privilégié pour comprendre la personnalité d’Adolf Hitler et le fonctionnement interne du régime nazi. Contrairement aux bâtiments officiels de Berlin ou aux quartiers généraux militaires, la résidence bavaroise offre un aperçu de la vie quotidienne et des relations personnelles du dictateur.
Des films en couleur tournés par Eva Braun, qui ont survécu à la guerre, montrent Hitler et ses invités se détendant au Berghof. En 2006, un logiciel de lecture labiale a permis d’identifier plusieurs parties de leurs conversations, offrant aux historiens de nouvelles perspectives sur ces moments informels. Parmi les personnes identifiées dans ces films figurent Joseph Goebbels, Reinhard Heydrich, Heinrich Himmler, Joachim von Ribbentrop, Albert Speer et Karl Wolff.
La période du Berghof illustre également le contraste saisissant entre l’image publique soigneusement construite de Hitler et la réalité de ses politiques destructrices. Alors que la propagande nazie présentait le Berghof comme un symbole d’une vie simple et vertueuse au contact de la nature, c’est dans ce cadre idyllique que furent planifiées certaines des actions les plus terribles du régime.
Représentations dans la Culture Populaire
Le cinéma et la télévision ont contribué à entretenir la fascination pour le Berghof en le représentant dans diverses œuvres de fiction ou documentaires. Ces représentations, plus ou moins fidèles à la réalité historique, ont façonné l’image collective de ce lieu.
Parmi les films ayant reconstitué le Berghof, on peut citer :
- « L’As des as » (1982) de Gérard Oury
- « Walkyrie » (2008) de Bryan Singer
- « L’Étau de Munich » (2021) de Christian Schwochow
À la télévision, le Berghof apparaît notamment dans l’épisode 10 (« Des hommes avant tout ») de la série « Frères d’armes » (2001) produite par Tom Hanks et Steven Spielberg.
Ces représentations, combinées aux nombreux documentaires historiques sur le Troisième Reich, ont ancré le Berghof dans l’imaginaire collectif comme un symbole du pouvoir nazi dans un cadre paradoxalement idyllique.
Le Berghof demeure un témoin silencieux mais éloquent d’une période cruciale de l’histoire mondiale. De sa construction à sa destruction, en passant par les événements historiques qui s’y sont déroulés, il incarne les contradictions et la complexité du régime nazi. Aujourd’hui, si les ruines ont disparu, la mémoire de ce lieu persiste, nous rappelant l’importance de comprendre le passé pour mieux appréhender le présent.